Quand je rencontre de nouvelles personnes, je dois régulièrement passer par le moment où j’explique pourquoi j’ai choisis de mettre le sexe au coeur de mon travail. C’est prévisible, quand on a choisis de réaliser 52 autoportraits érotiques en une année… deux fois. Quand on ajoute à tout ça l’effeuillage burlesque et ma participation aux Eroteek Faeries, ça fini en effet par faire un peu beaucoup.
Alors quoi ? Pourquoi ce sujet déclenche-t-il chez moi toujours une réaction plus profonde que les autres ? Je n’arrive pas à mettre le doigt sur un début mais je me rappelle avoir été très tôt à l’affût de tous les contenues érotiques sur lesquels je pouvais mettre la main. Une scène de sexe dans un roman, les conseils sexos d’un mag féminin, les cours de bio sur le sujet, dans le meilleur des cas une vidéo ou un magazine pornographique, et bien sur pleins d’images de papier glacé, de pin-up et de pubs pour du parfum ou de la lingerie.
J’ai collectionné quand je le pouvais ces images qui me laissaient rêveuse.
Cette curiosité a petit à petit fait de moi une petite référence sur le sujet. Au collège, j’étais la plus informée de mon cercle d’amies, qui venaient me voir pour les questions qu’elles étaient trop gênées pour poser à quelqu’un d’autre. J’ai fais de mon mieux avec mes maigres moyens. J’en ai tiré la certitude que sans information, on était aussi sans défense. Je ne l’avais pas encore formulé comme ça, mais l’information était déjà une forme de pouvoir, et je comptais exercer mon pouvoir sur mon corps.
Parce que ça m’a fait peur, disons-le, de voir à quel point mes camarades de classe étaient démunies face à la question. Prêtes à se laisser imposer aveuglément un mode de contraception ou une pratique sexuelle par tout tiers qui décidait d’exercer leur autorité sur elle. Parent, médecin ou petit ami.
Sérieusement, combien de jeunes filles n’ont pas leur mot à dire dans le choix de leur contraception, alors qu’elles sont les premières concernées ?
Et plus tard, alors qu’on parlait de plaisir, le même manque d’information et de communication faisait d’autre genre de ravages. C’est là que ma parole s’est décomplexée. Je ne répondais plus à voix basse cachée dans un coin aux questions qui m’étaient posé mais à voix haute, provocante, fière d’affirmer que ma satisfaction est mon droit le plus strict et qu’en terme de sexe, le premier ennemi de l’épanouissement, c’est la méconnaissance de soi, et celle de l’autre.
Je parle parce que je veux répandre quelque chose de positif autours de moi et que je pense qu’en la matière, la chose la plus simple et la plus directement utile que je puisse faire, c’est prendre le temps d’échanger, de questionner, de sensibiliser. Au consentement, à la communication, à la tolérance et au plaisir. J’ai arrêté d’avoir honte, le jour où je me suis sentie en croisade pour un monde où prendre son pied serait une chose simple, et certainement pas honteuse. Un monde ou « enculé » ne serait pas une insulte, aussi.
Dans cette optique, un truc tout simple à faire c’est de montrer l’exemple. Je vais donc continuer à joyeusement parler de cul à table, et je vous invite à rejoindre le mouvement. Mais du coup attention, il y a l’art et la manière. Nous allons tous éviter de nous changer en cet oncle gênant qui raconte très fort des histoires dégueulasses pour choquer la compagnie quand il a un coup dans le nez. Si vous prenez la parole, assurez vous que ce ne soit pas pour provoquer, et pas non plus avec des blagues glauques qui répandent des préjugés sexistes. De même, je ne passe pas non plus ma vie à raconter mes exploits à la cantonade ou à faire la liste de mes amants. C’est mieux.
Si par contre vous avez une info qui mérite d’être partagée, je vous en supplie, partagez la !