Samedi, 15heures.
Nous sommes tous entassés dans la voiture louée pour notre fameux week end de shoot à Brocéliande, c’est Manu qui conduit, qui a accepté de lâcher son travail de taxi parisien pour nous conduire, aider avec les flashs et supporter nos bavardages incessants de donzelles. Si j’ai bien compris lui est debout depuis 5h ce matin, il est passé chercher Alain chez lui, ils ont chargé dans l’espace doré qui nous sert de carrosse deux bon mètres cube d’éclairages, de robes Catanzaro, de dagues, faux sang, chaussures et autres, et ont réussi à être en bas de chez moi a sept heures tapantes.
Moins courageuses, les filles ont pris le partis de dormir dans mon salon pour pouvoir prolonger un peu leur nuit. Mon mec papillonne autours de ses trois mannequins, aide les filles à monter leur valises dans l’escalier, enfin s’assure que pendant tout le séjour elles me répètent « il est trop bien ton mec ». On ne sait jamais quand un trou de mémoire peut arriver. L’amnésie ça se choppe comme un rhume. Les milliards de sacs et de valises qu’on emporte avec nous encombrent mon entrée. Il y a des tenues HMSlatex, Volute, des bijoux de chez la Mandragore, quelques robes de fées trouvées chez Rêve d’Acier, et même une foutue cotte de mailles qui pèse facile ses 12kg. Le voyage, supposé nous prendre quatre heures, en durera finalement onze.
Les filles dorment ou font semblant, Iphone ou MP3 vissé aux oreilles. Alors que je pensais Lullaby très profondément endormie je l’ai vue bouger la main et donner trois petits coups dans le bidule qui sur son lecteur correspond au changement de titre, j’étais sciée. Au restaurant elles se donnent des coups de coudes, cherchent à deviner quel prénom irait avec la tête du serveur (qui s’appelle Julien en vrai mais sera rebaptisé au moins cinq fois) et font même une bataille de bouts de pain. C’est un peu la honte mais je suis tellement contente de les voir devenir complice que je traine encore dans l’escalier alors qu’elles courrent en poussant des cris sur le parking, pour ne pas qu’elles s’arrêtent.
samedi beaucoup plus tard.
Arrivées à l’hôtel vers 18h, nous déchargeons les tonnes de valises et je commence par suspendre les tenues un peu délicates. On installe les filles ensembles et moi dans une chambre seule parce que j’ai tendance a me réveiller vers 6h du matin et qu’elles ont besoin de sommeil. Manu semble soulagé, lui qui en avait franchement marre de conduire dans les embouteillages avec une boîte auto. Alain est inoxydable. rendez-vous est pris pour 19h sur la terrasse afin de se rendre à Etel, sur la côte, pour l’inauguration de l’expo d’un photographe que je connais très bien.
On est fatiguées, encore un peu froissées par le voyage mais on s’amuse beaucoup. Ashke essaye de se cacher derrière ses cheveux pour que je ne la prenne pas en photo mais échoue.
On dine sur le port en arrosant le tout au cidre. Alain essaye de faire peur a Manu en lui disant qu’on va le mettre nu, l’attacher a un arbre et faire des photos, lui répond encore et encore « il faudra me droguer pour ça », restant en retrait même pour les plaisanteries. A la fin sa réserve agacera franchement les filles fatiguées par des heures et des heures de pose, qui refuseront qu’il soit dans les parages quand elles se changent ou se charge de remetre leurs cheveux en place quand elles posent s’il ne se comporte pas comme un membre du groupe.
Plus tard on se rend dans un bar tenu par une amie très proche. Je goute les nouveaux cocktails, fais la connaissance du nouveau serveur… un petit mignon me drague plus ou moins pendant que les filles jouent au billard, et me propose de m’apprendre quand elles auront fini leur partie. Les pilliers de bar sont sensiblement les mêmes que l’année dernière et inexplicablement me reconnaissent, prennent des nouvelles, je me sens chez moi. Je danse un swing avec la patronne en riant aux éclats. Il parait que les filles ont choqué tout le monde en prononçant « clitoris » et qu’une brunette que je ne connais pas jetait des regards noirs à la terre entière pendant ma partie contre Romain, je ne remarque rien.
Rentrées à l’hôtel à 1h30 du matin, nous ramons tous jusqu’à nos lits. Mes Louboutins m’ont fait une ampoule bien vicieusement placée et je peste régulièrement. Je crois que Lullaby a eu l’ultime courage de s’épiler les jambes pour être nickel la veille, puis c’est le trou noir jusqu’au lendemain.