Hier soir River, le pendant photographe de Sirithil, a fait un truc dont elle rêvait je crois depuis un moment : elle m’a jeté nue dans un lac.
Son immense emprise sur mon cerveau n’est plus à prouver, je pense d’ailleurs qu’il faut que je commence à me méfier de ce qu’elle pourrais faire d’un tel pouvoir.
Bref, sachant ce qui me pendais au nez, je lui ai montré ça :
Je suis désolée c’est sous titré en… je sais même pas en quoi c’est sous-titré. C’est Gary qui m’a fait découvrir ce film un week end de 15 août. Vous ne le connaissez pas mais je l’écrit au cas où il passe par là : j’ai passé une chouette après-midi et tu avais raison sur ce film.
Bref. Ca vous vous en foutez.
Ce que je compte bien vous raconter par contre c’est ce qu’il s’est passé alors qu’on vaquait toutes les deux à nos affaires pour faire ce qu’on fait. mais avant je vais vous montrer le résultat parce que je trouve qu’on a bien bossé :
Généralement le comportement des personnes qui croisent un shooting sauvage s’échelonne de la bienveillance à l’ignorance la plus totale (une séance photo ? quelle séance photo ?), en passant par plusieurs stades de curiosité. Demandez-moi une moyenne, je vous dirais que la question à laquelle il faudra répondre le plus souvent aux passant c’est soit « est-ce que c’est bon, je peux passer ? » soit « c’est pour quel magazine ? ».
On n’a pas eu de chance hier soir, il y a bien eu quelques passants amusés, des sourires, des « elle est pas froide ? » (non ça va elle est plutôt tiède, je m’attendais à bien pire) mais on a aussi eu plusieurs spécimens assez lourd qui, additionnés les uns aux autres, ont faillis me convaincre de me rhabiller et renoncer à mes images.
Ca commence avec le camion plein de ce que je suppose être des employés de la mairie, qui sont passés a proximité et qui se sont arrêtés parce qu’à me voir dans la flotte comme ça de loin, ils ont cru à un accident. Nous les avons rassurés, nous les avons remercié de leur sollicitude, et j’ai dit à leur porte-parole que dit que si maintenant ils étaient pleinement tranquillisés, avec leur permission j’aurais aimé continuer à vaquer tranquillement à mes occupations.
Je vous défie d’avoir cette conversation avec qui que ce soit, nue comme un ver, dans l’eau jusqu’à la taille, les bras croisés sur la poitrine et les pieds écorchés par le fond du lac. Envoyez-moi vos selfies si vous le faites, qu’on rigole. Moi je me sentais très con, et j’imagine que ça m’a fait perdre pas mal de mon autorité.
Le mec s’est attardé, à fait remarquer à la cantonade que quand même, je suis bandante, mais a fini par s’éloigner. Enfin pour un moment. J’avais mieux à faire que de m’insurger sur son comportement comme son vocabulaire. On a continué nos photos.
Ensuite c’est un promeneur qui s’est arrêté et nous a posé quelques questions. On y a répondu d’aussi bonne grâce que possible (rapatriement de mes avant bras sur ma poitrine), et on a attendu qu’il parte, ce qu’il n’a pas fait. Je lui ai demandé si il allait rester là à mater, il m’a répondu que oui, qu’il faisait ce qu’il voulait, qu’il n’y avait rien de mal à mater, et que d’ailleurs on est en France et c’est un pays libre. J’ai bien sur rétorqué que pour les mêmes raisons de liberté, je suis libre de refuser qu’un étranger lorgne mes seins de façon aussi ostensible. J’ai insisté sur le fait que j’avais explicitement exprimé mon opposition et que c’était vraiment crade de sa part de rester quand même, mais il n’en avait apparemment rien à foutre. une promeneuse s’est arrêté pour nous aider. River/Sirithil a pris une photo du type au cas où, la promeneuse s’est mis à le filmer, après quelques menaces fusant un peu de tout les côtés (« je vais appeler les flics !! ») le mec s’est néanmoins éloigné en insultant copieusement la promeneuse.
Retour au très bienveillant groupe de types non-identifiés du camion un peu plus tot. Massés sur l’autre rive, leurs commentaires me parvenaient jusqu’à mon coin de lac. « Putain les nichons ! ». On s’est brièvement demandé si ils avaient des jumelles ou pas pour mieux voir.
Je sais qu’ils sont énormes mais à cette distance quand même…
Je ne vais pas plus vous raconter ma soirée. Je voudrais juste revenir sur deux ou trois choses.
Oui j’étais nue dans l’espace public. J’aimerai m’adresser à tous ceux qui blâment les victimes de prime abord, on gagnera du temps. RIEN ne justifie qu’on continue à regarder une personne qui vous a demandé d’arrêter. Ou à la rigueur vous êtes en train de filmer un crime pour permettre à la police d’arrêter le tueur. Le consentement est au centre de pleins de débats en ce moment, et ben je peux être là dehors et ne pas consentir à ce qu’une personne se pose à trois pas de moi pour me mater ouvertement.
Dire à une parfaite inconnue qu’elle a une poitrine attirante n’est pas acceptable. Tu me dis que c’est « gentil » et que c’est « juste un compliment ». Si c’est un compliment va le faire à ta mère pour voir. Mec, je me fout de ton opinion. Positive ou négative. Je reste polie uniquement pour te prouver qu’on peut être à la fois nue et dotée d’un cerveau, voire d’une âme.
Le passant super chiant a proposé de nous prendre en photo toutes les deux. Parce qu’il est un homme et que nous sommes deux femmes, vous savez. je pense qu’il n’y a pas besoin d’en dire plus.
Le porte parole des gentils mais lourds monsieurs en camion est revenu pour nous proposer de faire des photos avec « un beau black ». Non, merci. Être une femme nue dans l’espace public ne fais pas nécessairement de moi une nymphomane ni de la femme qui me prends en photo une pornographe. Notre refus conjoint ne fais pas non plus de nous des lesbiennes. Nous ne te rejetons pas parce que nous détestons tous les hommes, nous te rejetons parce que ta proposition ne nous intéresse pas. Et là encore, nous sommes restées polies pour des raisons évidentes de pédagogie. On s’est même expliquées avec le monsieur.
River et moi ne sommes pas intéressées par les photos d’hommes. J’ai lu quelque part que plus on est exposé à un objet en image plus on est enclin à le trouver beau. Sérieux, il y a eu des études sur la question pour nous prouver encore une fois que lire des magazines féminins détruit notre vision de la beauté en imposant littéralement à notre cerveau ces images auquelles ont est massivement exposées comme la référence. J’ai l’impression d’avoir été conditionnée à n’aimer que les filles nues, l’égalitaire en moi a toujours trouvé ça triste, et un jour je m’interresserai vraiment à photographier des modèles masculins juste pour rétablir un semblant de justice dans mon univers.
Je m’insurge une dernière fois que quand une fille croise les bras pour dissimuler son corps, il y ai encore des gens assez con pour se placer en spectateur et ne pas détourner le regard. Je remercie la passante qui s’est impliquée pour nous. Je rassure River : je t’en veux pas meuf.
Vous pouvez lire son article sur la question si vous le souhaitez.
Vous noterez que j’ai volontairement évité d’orienter le débat sur le fait que ce que nous faisions n’avait rien de provoquant ou de vulgaire, parce que je pense que même si ils étaient tombé sur un tournage porno sauvage, la bonne attitude ça aurait été de passer leur chemin silencieusement.
Même les filles à poil ont droit à leur tranquilité, merde.
Je vous embrasse fort, à très vite pour de nouvelles aventures.
Et n’oubliez pas que je vous aime.